La nature de la cargaison de l'Erika remise en cause

Publié le par Assos Loi 19o1 YA BASTA

Passe passe le temps ...

RENNES (Reuters) - Selon une enquête de France 3 Ouest, la cargaison du pétrolier Erika qui a coulé en décembre 1999 au large de la Bretagne, pourrait avoir été beaucoup plus toxique qu'il ne l'a été dit par Total.

Selon cette enquête, présentée jeudi à la presse et qui sera diffusée samedi matin, le pétrolier ne transportait pas un seul produit "homogène" comme l'a toujours affirmé la compagnie pétrolière, affréteur du navire, mais deux mélanges distincts.

"Alors que 28 000 tonnes de fuel lourd avaient été chargées, l'ordre a été donné à la raffinerie Total de Dunkerque d'un chargement supplémentaire", a déclaré à Reuters Willy Colin, un des auteurs de l'enquête avec Antoine Placier.

"Ce second chargement suppose une nouvelle fabrication de produit, un nouveau mélange, dont s'est inquiété par écrit l'ingénieur de production de la raffinerie, et donc au final deux produits différents" a t-il ajouté.

Selon le journaliste, ce produit supplémentaire, qui aurait été fabriqué avec des fonds de cuves renfermant des résidus très toxiques, présentait selon toute probabilité un caractère de nocivité supérieur au "fuel numéro 2" initialement chargé.

L'une des séquences de l'enquête montre comment l'ordre de ce chargement, transmis directement d'un trader de Total basé à Londres, Tony Pryce, à la raffinerie, a contrevenu aux procédures habituellement suivies par la compagnie.

Plusieurs autres éléments du document, diffusé en quatre volets successifs, sans être des preuves formelles, confortent la thèse de la présence de deux produits différents dans l'Erika.

Les journalistes présentent à différents interlocuteurs un document confidentiel du bureau enquête accidents (BEA mer) du ministère des Transports où, sur un schéma de l'Erika, une des cuves a un graphisme différent des autres cuves.

CONSIGNES TRES PRECISES

Ce graphisme, qui est devenu identique aux autres dans le rapport final, n'aurait aucune signification particulière, selon un porte-parole de Total interrogé par France3.

Le responsable d'un laboratoire varois, Analytica, qui avait identifié un produit plus toxique que du fuel lourd dans des échantillons ramassés sur les plages après la marée noire provoquée par le naufrage, apporte son témoignage.

Willy Colin explique aussi que la raffinerie des Flandres avait subi un "arrêt technique" durant quatre mois peu avant le chargement de l'Erika, une procédure générant des résidus de produits pétroliers en grande quantité.

"Chose tout à fait inhabituelle pour un affréteur, Total avait donné des consignes très précises au capitaine du navire pour les joindre en urgence, 24 heures sur 24 en cas de problème", a t-il dit.

"Si la notion de déchet (pour la cargaison) devait l'emporter, cela aurait un impact économique colossal", déclare dans l'émission Corinne Lepage, avocat de parties civiles dans le procès du naufrage qui doit débuter le 12 février à Paris.

Ayant pris connaissance de l'enquête de France3 Ouest, certaines parties civiles envisagent de porter plainte contre Total pour empoisonnement, a indiqué Willy Colin.

Parmi les milliers de bénévoles qui ont travaillé au nettoyage des plages, plusieurs s'était plaint de difficultés respiratoires et de démangeaisons.

Total, qui a reconnu le caractère « toxique et cancérigène » du fuel lourd, a toujours démenti avoir chargé dans l'Erika des résidus de produits pétroliers dont le transport et l'élimination sont très réglementés.

L'Erika, qui a sombré le 12 décembre 1999 au large du Finistère transportait plus de 30.800 tonnes de fuel lourd dans ses soutes.

Environ 10.000 tonnes se sont échappés lors du naufrage, provoquant une marée noire sur près de 400 kms du littoral atlantique.

Le groupe Total comparaîtra en correctionnelle à Paris du 12 février au 13 juin 2007 pour "pollution maritime" et "complicité de mise en danger de la vie d'autrui", avec douze autres personnes physiques et morales.

Publié dans FRANCE

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